L'histoire de l'île d'Oléron
L'histoire ancienne de l'île d'Oléron est mal documentée, mais les rares sources disponibles évoquent déjà son importance stratégique cruciale. Aussi, l'écrivain érudit romain Pline l'Ancien (Ier Siècle après J.C.) évoque dans sa fabuleuse Histoire Naturelle une cité portuaire nommée Ularius, faisant office de camp fortifié romain. La présence d'une garnison romaine avait un double but : militaire pour assurer la présence de l'Empire à son extrémité occidentale, et commerciale, afin de sécuriser le transport de marchandises, notamment de métal provenant des Cornouailles. Ularius, dont l'étymologie n'est pas connue, aurait ensuite finit par désigner, par métonymie, l'ensemble de l'île d'Oléron.
Au Moyen-âge, les sources sont plus abondantes concernant la destinée de l'île d'Oléron. Celle-ci, au XIe siècle, est "l'isle bien aymée" d'Aliénor, duchesse d'Aquitaine et reine d'Angleterre. Prenant ses quartiers au Château-d'Oléron, elle y promulgue les Rôles d’Oléron, un code novateur qui régira bientôt le droit maritime de l'ensemble du continent européen. Par son rayonnement, elle place la petite île d'Oléron au cœur du commerce maritime international.
Jusqu'au XVe siècle, l'île lumineuse ne connut guère de répit : successivement sous domination anglaise et française, elle fut finalement gouvernée par Renaud VI de Pons (1343-1426). Sous sa férule et celle de ses successeurs, elle fut alors prospère et put se livrer au commerce de ses deux trésors si convoités : son vin et son or blanc, le sel. Les Guerres de Religion, avec une population insulaire très favorable aux thèses calvinistes, infligèrent de dures épreuves à l'île.
L'histoire plus récente de cette petite bande de terre ne fut pas moins agitée : sa position stratégique en fit une prise de choix pour les Allemands, qui occupèrent l'île jusqu'aux dernières extrémités de la Seconde Guerre mondiale - elle ne fut libérée que le 1er mai 1945.
Depuis, reliée au continent grâce au majestueux pont d'Oléron inaugurée en 1966, l'île coule des jours paisibles.
Le patrimoine de l'île d'Oléron
Sur 174 km² seulement, un patrimoine riche et divers s'offre au visiteur de l'île lumineuse de Pierre Loti. Musées, églises, sites militaires et maritimes reflètent la riche histoire du lieu. Fort Boyard est sans doute l'un des sites les plus connus de l'île d'Oléron, grâce au succès international de l'émission de télévision portant son nom. Ordonnée par Colbert en 1666, sa construction avait alors pour vocation de protéger l'embouchure de la Charente, d’où sortait les navires de la marine royale Française qui étaient construits dans l’arsenal maritime de Rochefort à seulement quelques "lieues marines" de la rade de l'île d'Aix.
Devant la difficulté de sa construction, les plus prestigieux ingénieurs et architectes royaux - dont Vauban - ont dû abandonner. Régulièrement enterrée et relancée, son idée sera finalement mise en œuvre sous Louis-Philippe : la construction ne fut achevée qu'en 1866 !
Au Château-d’Oléron, seconde plus grande localité de l'île avec ses 4000 habitants, la citadelle vaut assurément le détour. Imaginée dès le XIe siècle, elle doit sa forme actuelle à Vauban. Elle est aujourd'hui un lieu de balade, d'animation culturelle en été et sa mise en valeur donne un charme tout particulier à la petite ville oléronaise.
À l'extrémité nord de l'île, non loin de Saint-Denis-d'Oléron, le magnifique phare de Chassiron surplombe le paysage du haut de ses 46 mètres. Édifié en 1836 et classé monument historique depuis 2012, il offre aujourd'hui au visiteur un superbe panorama sur l'océan. Un musée a été créé en 2007 pour mettre en valeur l'histoire du lieu et de fréquentes expositions temporaires y sont présentées.
L'île d'Oléron recèle également des joyaux insoupçonnés pour les amateurs d'art religieux : l'église Saint-Pierre située Saint-Pierre-d'Oléron (1ère construction XIIe siècle) dévoile de belles fresques, elles constituent un véritable trésor d'un style orthodoxe. Cette église comme la plupart des églises de l'île ont souffert lors des guerres de religion qui était fréquente dans la région.
La culture de l'île d'Oléron
L'île d'Oléron, du fait de son insularité et de son riche passé, dispose d'attraits culturels très particuliers. Ainsi, le charme d'une visite sur l'île passe également par la connaissance de la culture oléronaise. La langue traditionnelle des habitants de l'île a laissé ses traces dans le langage actuel. C'est le saintongeais, une langue d'oïl (apparentée aux patois du nord de la France), commune à l'ensemble de la Charente-Maritime. Cette langue porte en elle un univers culturel propre, avec notamment l'apport d'un barde de la région du XXe siècle, Goulebenéze, qui a laissé à la postérité une œuvre prolixe et toujours vivante. L'album de Tintin intitulé "L'Île Noire" a même été traduit en saintongeais sous le nom de "L’ilâte nègue" !
L'île d'Oléron dispose donc de sa propre langue mais également d'un folklore toujours bien vivant. Les costumes traditionnels en attestent, faits de tissus résistants aux couleurs chatoyantes. Les femmes portaient la traditionnelle Kissnot une coiffe de coton, quand les hommes privilégiaient le béret. Ces costumes sont encore régulièrement mis à l'honneur par des troupes folkloriques qui prennent plaisir à se regrouper pour garder vivant le riche folklore insulaire.
La culture de l'île d'Oléron se caractérise également par un savoir-faire séculaire perpétué par les jeunes générations. Notamment, la saliculture, les marais salants ayant pendant des siècles faits la prospérité de la petite île charentaise. Au XVIIe siècle, plus de 85 000 aires saunantes étaient dénombrées dans l'île, contre moins de 100 aujourd'hui. Même si la saliculture a connu un fort déclin, quelques passionnés la perpétuent pour préserver l'or blanc si réputé de l'île d'Oléron.
Le vignoble, avec plus de 800 hectares, est lui aussi bien présent sur l'île grâce à son sol et son climat si favorables. Les producteurs locaux, soucieux de la qualité et de la visibilité de leur vin, on fait naître une IGP (Indication Géographique Protégée) : "Vin de pays charentais – Ile d’Oléron", très recherchée par les amateurs de bon vin.
La gastronomie de l'île d'Oléron
Impossible de se rendre sur l'île d'Oléron sans profiter des merveilles de la gastronomie locale ! L'huître Marennes-Oléron est sans conteste le produit local le plus réputé de l'île. L'ostréiculture est, depuis le XIXe siècle, une activité majeure : élevées sur 4 ans et affinées en claire, les huîtres Marennes-Oléron font le bonheur de tous les gastronomes. Il ne s'agit là pas du seul trésor de l'océan qu'il est possible de déguster en ces lieux : les moules de bouchot, grâce aux 30 exploitations de l'île et du bassin de Marennes, sont également réputées pour leur grande qualité. Les moules sont à l'honneur dans une préparation typiquement locale, qui fait la fierté des oléronais : l'églade de moules. Dressées en spirale sur une planche de bois et recouvertes d'aiguilles de pin que l'on enflamme, les moules cuisent ainsi de manière traditionnelle: Authenticité Garantie!
Pour accompagner ces délices locaux, rien ne vaut un bon verre de vin d'Oléron, frais et équilibré. Pour l'apéritif, l'on préférera le Pineau des Charentes. Ce vin liquoreux a été découvert par hasard au XVIe siècle, par un mélange involontaire de moût de raisin avec une dose d'eau de vie de Cognac. Titrant entre 16 et 22°C, il se déguste frais et offre une grande richesse en bouche : idéal pour accompagner un quartier de melon.
Pour découvrir et profiter de l'ensemble de ces délicieuses spécialités locales: filet de poisson, salicorne, sel,... rien de mieux que les marchés de l'île d'Oléron, qui sont nombreux à la belle saison, ils permettent de discuter avec des producteurs locaux de manière conviviale.
Il est aussi possible de pratiquer la pêche à pied et ramasser soi-même les couteaux, palourdes ou moules produits par la généreuse nature oléronaise. Ceux-ci dit, il faudra respecter la maille de chaque coquillages et crustacés.
L'île d'Oléron et son environnement
Justement, cette généreuse nature fait le bonheur des insulaires et des touristes. Les 174 m² de l'île d’Oléron présentent une riche diversité naturelle. Les longues plages du littoral et les dunes y côtoient harmonieusement la forêt. Ainsi, la forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains, au sud de l'île, a été longtemps menacée par les activités humaines et les catastrophes naturelles. Aujourd'hui, ses 2000 hectares sont consciencieusement entretenus et offrent de reposantes balades sous les arbres à quelques mètres de la plage. D'autres forêts parsèment l'île : la forêt domaniale des Saumonards et ses jolies dunes de sable fin qui font face à Fort Boyard. À l'ouest la forêt de Domino exposent ces magnifiques pins maritimes.
La préservation du patrimoine naturel de l'île est devenue aujourd'hui prioritaire. Même si un pont relie dorénavant l'île au continent, il est préférable en pleine saison de laisser sa voiture stationner et d'utiliser son vélo. Plus de 160 km d'itinéraires cyclables permettent de faire d'agréables sorties en famille le long du littoral, dans les forêts et de découvrir le vignoble oléronais.
L'île d'Oléron dispose également d'une riche biodiversité. On peut observer, à condition d'être initié, des milans noirs dans la forêt de Saint-Trojan-les-Bains ou des huîtriers pie le long du rivage. Plus de 250 espèces d'oiseaux et 34 espèces de mammifères vivent en toute quiétude sur l'île d'Oléron. Le Marais aux Oiseaux, situé au cœur de l'île, regroupe nombre d'espèces dans un espace privilégié et mène de nombreuses campagnes de sensibilisation à la sauvegarde de la faune locale. Cette riche nature est servie par une lumière prodigieuse, grâce au microclimat dont bénéficie l'île. Cette particularité lui a valu le qualificatif de " lumineuse " donné par Pierre Loti, célèbre écrivain charentais et amoureux de l'île.