L'originalité et la technicité du site archéologique Chavín de Huantar
Le site archéologique Chavín de Huantar au Pérou est constitué extérieurement de grandes pyramides tronquées, dont la plus importante et la mieux conservée, malgré les inondations et les tremblements de terres fréquents, se nomme El Castillo. Cet édifice majeur est composé de pierres de taille et de décorations dont une seule de petite taille subsiste aujourd'hui, mi-homme mi-félin représenté de façon démoniaque. Elle comportait vraisemblablement aussi un étage supérieur, malheureusement aujourd'hui, détruit à en croire les vestiges d'un escalier cylindrique. Autour du temple El Castillo s'étendent en forme de U diverses portes, plates-formes et terrasses superposées selon une technicité architecturale rare. Intérieurement, la complexité des galeries souterraines font toute l'originalité de l'endroit. L’extraordinaire labyrinthe constitué de petites salles, d'escaliers reliés par des galeries semblerait être le moyen astucieux, non sans rappeler celui des égyptiens, de ventilation du lieu, d'une part, de célébrations mystiques, d'autre part. Parmi ces galeries fut découverte la seule œuvre restée sur place, enfouie sous terre, et certainement l'idole principale du site : un monolithe de 4 mètres 50, El Lanzón. Une œuvre remarquable tant par la finesse du trait de ce mélange mi-homme, mi-félin que par l'importance de sa symbolique religieuse.
Un lieu de culte, berceau culturel de toute une civilisation
En effet, l'importance archéologique de Chavín de Huantar n'est pas tant par son architecture que par son rôle religieux primordial déclaré dès le 17ème siècle par Antonio Vásquez de Espinoza comparant le site à un lieu de culte aussi important que Rome ou Jérusalem. Pourtant l'archéologue qui révélera définitivement l'importance de Chavín de Huantar aussi bien au plan culturel que religieux au grand public fut Julio C. Tello, considéré comme "le père de l'archéologie péruvienne". L'UNESCO déclare aujourd'hui que : "Les résultats des fouilles révèlent aussi la fonction de ce centre cérémoniel en tant que lieu de pèlerinage pour les populations du nord et du centre du Pérou : les allusions au culte sont clairement visibles dans l’iconographie architecturale et dans les nombreux et divers objets religieux découverts sur le site". En réalité, il semblerait que Chavín de Huantar fut le point central de pèlerinage sacré de la civilisation chavin, et particulièrement le symbole culturel de leur art ayant pour thème central le félin, ce que les archéologues nomment "horizon chavin". Cette civilisation, particulière par son mode de vie comme par son expression artistique, se serait étendue sur un vaste territoire des Andes, depuis les côtes du nord, du centre et du sud, aux hauts-plateaux nordiques et dans la haute jungle du Pérou entre 1500 et 300 avant J.-C. Pourtant, malgré de nombreuses fouilles et études sur le site et sur son rayonnement, Chavín de Huantar, tout comme la civilisation chavin, sont, semble-t-il, encore loin de nous avoir révélé tous leurs secrets, preuve en est la découverte très récente, en août 2013, de nouvelles sculptures parmi les vestiges.
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