profession, père au foyer

Et c’est bien tout le problème. Le regard des autres pèse bien lourd dans la balance de ces nouveaux schémas familiaux. Ils ne sont que 3,5% en 2011, selon une étude de la CNAF à avoir tenté l’aventure du congé parental. Pire seulement deux tiers des nouveaux papas prennent leurs congés paternité à la naissance de leur enfant. Un manque d’intérêt pour leurs douces progénitures ? Parfois peut-être mais surtout la peur du jugement professionnel, du jugement familial… Combien de publicités nous rappellent que Papa est un piètre cuisinier ou qu’il ne sait pas mettre une couche ? Avez-vous récemment vu des campagnes vantant un produit pour bébé avec un père s’occupant correctement de son nourrisson ? Mais non, regardez, Monsieur à autre chose à faire. Là il court vers son travail à toute allure et a besoin d’un déodorant ultra performant ou d’un portable dernier cri pour ne rater aucune grande opportunité professionnelle… Malheureusement les clichés ne sont pas que sur les écrans mais existent aussi bien réellement : en 2008 dans un sondage effectué par BVA, hommes et femmes confondus considéraient à 75% qu’il était difficilement acceptable professionnellement pour un homme d’accéder à un temps partiel parental alors que pour une femme cela avait été estimé à 38%. Tout est dit ! Difficile d’ignorer aussi que d’être en congé parental, pour l’homme comme pour la femme, ralentit considérablement les possibilités de carrière… C’est pourquoi cette poignée d’irréductibles papas au foyer choisit bien souvent, à 70% contre 56% des femmes, le travail à temps partiel même en congé parental !

Deux cas se singularisent quand les hommes entrent dans ce rôle : ceux qui ont choisi cette voie et ceux qui subissent la situation à cause d’une perte d’emploi. Pour un homme qui a choisi délibérément d’élever ses enfants à temps plein, le constat est sans appel : ils sont heureux, fiers et le partagent, bien souvent sur Internet. A l’instar de ce Papa, blogueur célèbre qui raconte le quotidien de sa petite tribu sur Till The Cat et avoue « J’en profite pour casser certains stéréotypes. ». Et il y en a beaucoup, comme nous l’avons vu, malheureusement… En revanche, ce qui frappe en lisant leurs témoignages, est qu’il semble évident que la félicité dans leurs rôles de maîtres de maison passe aussi par des occupations extérieures (bricolage, sports…) à leurs tâches ménagères, ce que beaucoup de femmes au foyer oublient bien souvent. Et le plus grand risque semble bien là : "Lorsqu'on est au foyer, on fait avancer la vie des autres, mais on a parfois l'impression de stagner dans la sienne", avoue Christopher ancien trader devenu père au foyer lorsqu’il a perdu son emploi. La crise économique que nous traversons créé en effet de nouveaux hommes au foyer. Pour eux, le problème est différent car il faut alors gérer de nouvelles responsabilités et la perte d’une partie de sa « virilité ». Certains l’admettront avec difficulté et retourneront au travail avec entrain dès qu’ils en auront la possibilité, d’autres, bien au contraire, profiteront pleinement de cette parenthèse dorée pour s’occuper de leurs enfants comme, au fond, ils l’avaient toujours souhaité. Ils sont toutefois unanimes sur une chose : qu’ils l’aient subi ou choisi, être Papa au foyer a changé définitivement leur vision des priorités. Le travail oui, mais les enfants d’abord !